Recrutement : genèse et pièges pour une science inexacte

Recruter est un acte extrêmement impliquant qui engage le manager et son entreprise vers l’atteinte de ses objectifs par la qualité  de son capital humain.

Derrière chaque recrutement, 2 signaux sont diffusés sur le marché :

Un destiné aux candidats :

Nous recherchons vos compétences, votre savoir faire et votre savoir être, voici nos attentes si vous partagez nos valeurs, rejoignez nous

L’autre destiné aux intervenants du marché (concurrents et partenaires)

Regardez notre dynamisme, nous investissons pour notre avenir et assumons notre rôle citoyen dans l’économie.

Sous réserve que la confidentialité ne soit pas impérative comme pour un remplacement ou une chasse de  tète.

Mais s’il n’y pas de science plus inexacte que le recrutement, il existe surtout des écueils à proscrire.

 

Se cantonner à un cahier  des charges en négligeant personnalité et valeurs recherchées

 

Trop souvent, la rapidité et le manque de profondeur dans la réflexion conduisent directement à l’échec : qui sommes nous, qu’est ce qui fait que certains collaborateurs restent et d’autres n’accrochent pas ? Car un réflexe naturel consiste à simplement dupliquer un cv par rapport à un cahier des charges figé sur la technique et l’expérience.

Le CV est une première base de travail et en aucun cas le « Graal » d’une recherche. Un permis de conduire ne suffira pas à savoir si le titulaire est un conducteur de quad ou de formule 1…En parallèle il faudra de votre coté savoir si vous avez les moyens et les infrastructures pour organiser un grand prix ou bien une excursion champêtre..

Plus sérieusement, une prise de recul sur son contexte, ses valeurs , ses attentes , ses codes ou ses non-dits est impérative.

 

Se figer sur le fantasme du mouton à 5 pattes

 

Idéaliser ses attentes sans tenir compte de la réalité du poste et de ce que l’entreprise a à offrir : exemple un directeur d’usine qui doit refondre tous les processus de production mais également assurer la commercialisation de l’ensemble de sa production..ou un chef de produit qui au delà de la gestion de sa gamme doit également être un spécialiste dans la mise en œuvre d’un ERP…

Typiquement ; quand trop d’intervenants impriment leurs desiderata sur les contours du poste ou quand la liste des qualités à posséder ressemble plus à la recherche du gendre idéal…

Pensez à une liste claire et concise de critères objectifs (savoirs-expérience) et subjectifs  (qualités humaines associées au poste, valeurs), en phase avec le marché « candidats » que vous allez cibler tant en interne qu’en externe..

 

Recruter dans l’urgence et/ou uniquement sur son feeling

 

Un départ imprévu, un nouveau besoin suite à un accroissement du plan de charge…

L’urgence est souvent synonyme de recrutement par défaut, et une inadéquation larvée est couteuse en temps, résultats et image. Pourquoi ne pas songer à un intérim interne ou à un CDD en attendant de trouver le bon profil ? La précipitation est mauvaise conseillère et le fait de pouvoir tester une solution alternative dans un cadre contractuel clair apporte sérénité et solidité dans vos choix.

C’est en se précipitant que vous allez tomber dans une forme d’immobilisme  puisqu’une erreur de casting entraînera une mauvaise ambiance,  de mauvais résultats ou le départ anticipé de la personne, que ce soit sa décision ou celle de l’entreprise.

L’art de plaire est l’art de tromper. Vauvenargues

Juger un candidat sur son seul art de maitriser l’entretien, pécher par orgueil en se sentant capable de juger une personnalité et de sentir en 10 minutes si elle a le potentiel pour réussir ou non dans un emploi donné… Le ressenti ne peut s’appuyer qu’en référence à l’étude de poste préalable et à une illustration par des faits et des exemples. Si votre intuition n’est pas étayée objectivement, alors pourquoi ne pas vous référer à l’horoscope du jour ou à l’Astroflash de Mme Irma ?

 

Survendre ou masquer la réalité du poste

 

Comme tout  candidat peut embellir ses performances, arrondir les dates ou omettre certains détails, l’employeur ne doit pas tomber dans la crainte de dire la vérité sur les enjeux et les difficultés associées au poste.

La confiance est un élément majeur, sans elle aucun projet n’aboutit. Eric Tabarly

Souvenez-vous de votre posture en tant que candidat, derrière la prise de risque, votre souhait de limiter l’inconnu de prendre votre décision en toute connaissance de cause au delà du simple feeling… Dire la vérité, vendre votre entreprise sans l’idéaliser, fera seulement fuir les candidats qui ne sont pas prêts à travailler avec vous.

 

Recruter sans preuve de performance ou prise de référence

 

Achèteriez-vous un voyage sans avoir eu des avis de la part de proches ou de professionnels ou sans vous être documenté ?

La tentation de l’effet miroir, à savoir recruter quelqu’un qui vous ressemble en termes d’expérience passée, de personnalité ou de centres d’intérêts communs peut vous faire perdre l’objectivité nécessaire à la bonne décision. Donc avec humilité, il ne s’agit pas de renier son intuition, voire son empathie, mais de les conforter par du factuel. Plusieurs avis sont bien sûr nettement préférables à un seul et l’intégration du nouveau dans l’équipe s’en trouvera facilitée si les collègues ont donné un avis favorable le concernant.

Fais confiance à Dieu, mais ferme ta voiture à clé. Anonyme

Avec une bonne maitrise des techniques d’entretien, des exemples concrets  visant à prouver les compétences vendues par le candidat, vous éviteront de tomber dans le cliché des « citez moi 3 qualités et 3 défauts » ô combien anticipé …

Une personne incapable de sortir de considérations générales, de donner du concret, des chiffres et de décrire de manière crédible les efforts produits associés à ses performances doit allumer en vous les signaux « méfiance ». Rien ne vous interdit de demander les photocopies de diplômes, de bulletins de salaire, voire un extrait de casier judiciaire notamment pour les postes à vocation financière. En fin d’entretien si, sauf raison crédible, elle est incapable de vous fournir des références…vous aurez votre réponse

C’est une erreur de ne pas croire et une faute de tout croire. Fernando de Rojas